Comment valoriser les contributions aux logiciels libres ?

Dans l’économie actuelle , les logiciels « libres »/ouverts ne semblent pas être valoriser.

C’est un véritable problème , on peut le voir avec le cas Mozilla et FirefoxOS.

Comment résoudre cela ?

Faut-il développer de nouvelles platformes d’échanges avec donations récurrentes , ponctuelles , avec le système économique actuel ?

Faut-il sortir du sentier monnaie-dette / crédit
et plutôt partir / compléter avec un revenu de base où les producteurs de toute valeur / ressource seraient les citoyens ?

Il faut transformer les forges en places de marché.

Au lieu de rétribuer les contribution avec un « bravo merci continuez », on pourrait les « rétribuer… »
Sinon on va finir par lasser les gens…
Car il y a du monde pour vendre ce qui a été donné.
Il y a beaucoup trop de travail non payé dans le logiciel libre. Le crowd-sourcing c’est le vol dirait Proudhon s’il revenait…

Quelques idées là-dessus.

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Bonjour
A noter que dans le cadre du dernier programme d’innovation ouverte Open Law Europa, co-développé par le secteur public et le secteur privé, des travaux d’innovation juridique ont permis de créer un statut de ‹ ‹ contributeur des communs numériques › ›.

Cela nous a permis d’indemniser en droits d’auteur les personnes de la communauté qui ont effectivement participé à nos travaux, contre cession de leurs droits et redistribution sous des licences libres et virales de leurs contributions.
Ce statut de ''contributeur aux biens communs’’ semble transposable au delà des biens communs numériques du droit.

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La valorisation, il faudrait surtout y penser pour pouvoir s’en débarrasser, pour sortir de l’impératif de rendement qu’elle veut imposer à chacun de nos faits et gestes.

Le glissement a déjà été entamé sur l’entraide et le partage qui se font bouffer par « l’économie du partage » (oxymore), voir le covoiturage qui devient rétribué (et cesse donc d’être du covoiturage comme activité sociale pour devenir un service pour lequel chacun souhaite en avoir pour son argent).

Le logiciel libre, comme toute activité faisant lien social, fait bien sûr partie des cibles primordiales de la doxa « libérale ». Les Grima Langue-de-Serpent reviendront éternellement nous insinuer à l’oreille : « quand même, tous ces logiciels libres que tu fais, tu n’en tires aucun profit alors que d’autres se sucrent sur ton dos, tu devrais faire valoriser tes contributions ».

À nous de répondre comme Gandalf. À nous de refuser de rentrer dans cette rhétorique.

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Pour répondre à cette objection, on pourrait utiliser des associations-support, comme le font les artistes avec le statut d’intermittent : l’association émet une facture, et paie l’artiste/développeur ainsi que l’ensemble des charges sociales de rigueur. C’est relativement simple et efficace, les gens ont le libre choix de l’association qu’ils utilisent, ces assoces peuvent être toutes petites ou tentaculaires, c’est un détail.

Je suis plutôt de l’avis de @Trebloc.

Pour moi, mes contributions aux logiciels libres (et open source en général) sont parfaitement bénévoles pour le seul bénéfice du projet et de ses utilisateurs (et parfois moi car ma contribution répond en général à un souci rencontré, ou un besoin non rempli par le logiciel).

Pour moi, il s’agit surtout d’autoriser les personnes compétentes à reverser leurs contributions à la communauté, déjà envoyer un signal fort en ce sens plutôt que de laisser seulement quelques uns prendre « le risque » de contribuer sur leur temps de travail et sans approbation de leur hiérarchie.

La valorisation de telles contributions n’est, pour moi, utile que si on écrit un contrat pour ça… donc pour une entreprise qui a des impératifs de bénéfices afin de vivre (et faire vivre ses employés).

Il ne s’agit pas d’un marché. Toutes les dépenses des opérateurs publics ne procèdent pas systématiquement d’un marché. Le concept ici est différent : la personne publique fait usage d’un logiciel, et paie une facture d’entretien de ce logiciel. J’envisage ce dispositif pour la « longue traîne », l’objectif est de rendre possible aux fonds publics de contribuer symboliquement, avec des montants faibles. Mais multiplié par le nombre d’administrations participantes, cela pourrait changer la donne, et encourager de manière décisive les entreprises ou fondations encadrant le développement du LL.

J’ai répondu trop vite à ta remarque, mon idée ne consiste pas à rémunérer directement les développeurs, même si cela peut être envisagé à la rigueur, et j’ai montré comment on pourrait le faire si souhaité. En fait ce que j’imagine s’apparente à du financement participatif (par la foule), prenant en compte les besoins des comptables publics (en adaptant l’exigence réglementaire).

Voilà, c’est globalement ce que j’avais en tête. Pour ce qui concerne le secteur public, les agents/fonctionnaires sont déjà payés. La question est plutôt que leur hiérarchie reconnaisse une bonne fois pour toute qu’une contribution à un LL peut faire partie de leur mission et ne pas leur être préjudiciable.

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C’est tout le problème: un agent a des obligations de services, et la hiérarchie n’a pas toujours les moyens techniques ni règlementaires pour évaluer les dites contributions. Les procédures sont très formalisées. Par exemple, dans le cas du CNRS, quelle solution pour un chercheur qui publierait moins parce qu’il contribue au LL, sachant que les publications font partie des critères d’évaluation officiels ?

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Il suffirait que la contribution à un logiciel fassent partie des critères d’évaluation d’un chercheur.

Et pour évaluer un logiciel, on pourrait le référencer dans un catalogue où des indicateurs (automatiques, contributifs ou attribués par des pairs) serviraient de critères de qualité.

Quels sont les critères d’évaluation de la qualité des publications scientifiques ? On pourrait peut-être s’en inspirer pour les logiciels.

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Si on en reste déjà au secteur public, j’ai l’impression qu’il y a deux sujets de réflexion somme toute un peu différents.

  • d’une part, la valorisation par les administrations des projets qu’elles utilisent (@Intendant_zonard)
  • d’autre part la valorisation au sein des administrations des contributions au logiciel libre des agents
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Pour moi c’est plus compliqué que cela, c’est pourquoi j’ai remis en cause cette discussion plus haut :

  • on mélange chercheurs ou enseignants avec les autres fonctionnaires mais les premiers n’ont pas de hiérarchie et disposent de la liberté académique (en clair ils décident de leur travail eux-mêmes) ;
  • on mélange avec le mot « valorisation » divers registres (caractère valorisant pour le développeur, utilité morale, valeur d’usage, gratification d’un salarié, dépeçage du service public…) ;
  • on mélange évaluation scientifique du chercheur et évaluation d’une contribution pas à proprement parler de recherche mais tout de même utile d’un certain point de vue ;
  • on mélange évaluation de la recherche par les pairs et évaluation du chercheur par un organisme
  • on mélange production dans le secteur public et production par des sous-traitants du secteur privé ;
  • on mélange production dans le cadre d’une mission et production sur le temps libre…

et j’en passe…

Chacun de ces points devrait être abordé séparément.

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Très justes remarques.

Je crois que le but de cette discussion est justement de démêler tout ça. Il faudrait aborder chacun des points méthodiquement mais pas de manière isolée. Pour prendre artificiellement le contrepied, on peut aussi dire que tout est lié. Ainsi l’évaluation par en organisme repose en partie sur le système d’évaluation par les pairs, la distinction temps libre travail est parfois floue pour un chercheur, et la question de la valorisation va bien au delà du logiciel libre.

Que diriez-vous d’essayer de produire une synthèse des différents points évoqués au moyen d’un wiki (sur ce forum) ?

Bonjour.

Pour valoriser, il faut commencer par faire connaître.

http://linuxfr.org/

Des universités françaises maintiennent des mirroirs du CRAN. Quelqu’un sait-il comment cela est organisé ? Est-ce une décision des labos de consacrer des moyens humains et techniques à ces miroirs ? Des initiatives personnelles ?

Pour les enseignants, c’est soumis à l’approbation de l’inspecteur qui donne généralement son aval.

De façon général, l’activité annexe est soumise à l’aval du «payeur» de l’activité principale (enfin pour l’emploi salarié.)

Petite précision, dont je me demande si elle est à propos : le contrat d’auteur ne permet-il pas d’accepter en contre-partie des droits une cession non-exclusive de droits ?

Par exemple mes contrats d’édition (mes romans sont publiés par Framabook, la maison d’édition de Framasoft), permettent le respect de la licence CC-0 (Domaine Public Vivant) que j’appose à toutes mes œuvres.

Ces contrats sont disponibles (et copiables ^^) ici et ont été établis par un juriste (Benjamin Jean, auteur dans la même collection de l’essai Options Libre sur les licences libres).

TL ; DR

Si les contrats d’auteurs dont parle @NumOpen sont dans le même cadre juridique que les contrats d’édition (la propriété littéraire et artistique), alors on peut éditer des contrats de cession non-exclusive de droit qui respecte les licences libres.

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Bonjour,

la notion de contributor’s licence agreement (CLA) est disponible dans le monde des logiciels libres. L’objectif est de laisser la maitrise de la propriété intellectuelle au projet et permettre des mises à jours de licences ou d’en assurer la compatibilité. Le document de « Statut de contributeur aux communs » est justement issu d’un générateur de CLA harmony disponible: http://selector.harmonyagreements.org/ (dont l’objectif était d’éviter la prolifération des CLA au même titre que la prolifération des licences libres).

Les réflexions sur le cadrage des contributions, le choix de la licences, la nécessité de création d’une association qui détient la propriété intellectuelle des développements (et donc la création d’un CLA) sont discutés ici: Politique de contribution aux logiciels libres

Même principe pour les projets comme OpenStreetMap où l’on accepte les « termes du contributeur » qui cèdent les droits des contributions à une fondation avec des objectifs clairement définis (données sous licence libre).

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@Dilab, j’ai essayé de rémunérer quelqu’un par ce système de cession de droit d’auteur (justement au sein de la fabrique des mobiltés, un projet proche de la démarche openlaw), mais c’est tellement peu connu que c’est à la fois difficile pour le contributeur d’établir sa facture et pour les sociétés de portage (en l’occurence dans mon cas une coopérative d’activité et d’emploi) d’accepter ce type de paiement. Auriez vous un modèle de facture ? Quelques éléments sur le droit pour une entreprise ou association de rémunérer des personnes avec ce type de cession de droit d’auteur serait génial aussi.

@Trebloc, plutôt qu’essayer de tout mesurer, on peut aussi essayer de laisser chacun libre de choisir sa rémunération à posteriori (principe de rémunération libre, à l’image du don/prix libre). C’est la solution mise en place par liberapay (et aussi openlaw d’une certaine manière si j’ai bien compris), avec un article qui décrit très bien ici une expérience menée aux USA avec ce modèle : https://opensource.com/open-organization/16/7/compensating-employees-letting-them-take-what-they-want L’argent a servi à certains pour vivre et se nourrir, mais aussi de moyen de compensation des frustrations et des ressentiments, ce qui pourrait surprendre par rapport à ce qu’amène en général l’argent dans les groupes ;-).