Dépasser l'opposition entre logiciels libres et logiciels propriétaires

Remplacez Open Source par Logiciel Libre dans tout votre paragraphe précédent et vous verrez les choses s’éclairer sous un jour nouveau.

Au niveau de l’État, il s’agit d’un choix de société : celui du logiciel libre. Mais il faut aussi un choix politique des décideurs/payeurs : celui de ne pas abandonner le prestataire initial pour le remplacer par une SSII capable de payer de l’ingénieur pakistanais.

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Le logiciel libre car seul lui garantit l’absence d’enfermement et la pérennité : il est robuste à une cessation d’activité.

Dans le domaine du stockage en ligne, combien de prestataires ont fermé la porte, laissant 6 mois à leurs usagers pour récupérer leurs données ? Ils avaient pourtant ouvert leur modèle objet et avaient des API intéressantes (plus que leurs concurrents.)

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L’un des inconvénients des logiciels « propriétaires » est le temps passé à gérer (négocier, acheter, payer, valider, installer…) les « licences »… Avec le risque que le système s’arrête suite à une licence qui refuse de s’installer ou de se valider.
Alors que payer devrait être synonyme de simplicité c’est souvent là que cela ce complique.
En particulier avec les environnements virtualisés, la problématique des licences est un problème en soit qui prend un temps considérable et souvent non chiffré dans la comparaison « libre » « propriétaire ».
Et je ne parle pas des licences utilisant un dongle, un driver pas toujours compatible avec tous les systèmes…
L’accessibilité immédiate d’un logiciel libre représente, sur ce point, un avantage considérable.

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Une troisième voie serait de considérer les logiciels libres qui ne sont pas des mulets :slightly_smiling:
Et lorsque ces derniers n’existent pas encore c’est l’occasion de faire un choix politique : initier ou poursuivre le développement d’un logiciel libre sur lequel capitaliser.

C’est pour moi l’une des différences intéressantes entre open source (un état de fait) et logiciel libre (un choix politique et un potentiel sur lequel capitaliser). Si on remplace open source par logiciel libre, cette dimension politique apparaît plus clairement. Forcément, c’est plus compliqué que de considérer un logiciel comme un achat (que ce soit une licence d’utilisation ou une prestation), il faut animer une communauté pour de bon.

Cela étant dit comment pourrait-on capitaliser sereinement sur des outils propriétaires même s’ils ont ouvert leurs API ?

Justement, il ne s’agit pas d’un choix de société mais d’un choix de modèle commercial sur un segment industriel : la production et la consommation de logiciels. Les mêmes débats ont agité le monde de la musique, de la littérature, et ils ont abouti à la conclusion que sans protection de la création, sans interdiction du pillage, il n’y avait plus d’incitation à créer.

Le modèle alternatif de consommation massive par les uns du travail des autres a existé par le passé. On en trouve des traces en Corée du Nord et dans quelque pays restés à l’heure soviétique.

La vision où le consommateur contribue et reverse est une approche formidable, mais elle ne résiste pas vraiment à l’épreuve des faits. Je vous invite à compter les contributeurs sur la plateforme de l’Adullact, qui est pourtant l’une des initiatives les plus abouties et les plus intéressantes en France en matière de logiciel libre sectoriel.

Laissons donc l’Etat s’occuper des sujets structurants pour la société. La création de logiciel en France en est un. Le modèle commercial de ces logiciels est en revanche anecdotique.

[quote=« vincentxavier, post:49, topic:593 »]
Le logiciel libre car seul lui garantit l’absence d’enfermement et la pérennité : il est robuste à une cessation d’activité. Dans le domaine du stockage en ligne, combien de prestataires ont fermé la porte, laissant 6 mois à leurs usagers pour récupérer leurs données ? Ils avaient pourtant ouvert leur modèle objet et avaient des API intéressantes (plus que leurs concurrents.)[/quote]

Il s’agit d’engagements contractuels. Pour notre part, par exemple, nous prenons un engagement de reverser dans le domaine public le code source de nos logiciels en cas de cessation d’activité ou de choix unilatéral de ne plus maintenir certains de nos logiciels.
Vous citez les prestataires de stockage : laisser 6 mois à des clients de récupérer leurs données et trouver un autre prestataire n’est pas vraiment différent, voire même meilleur, qu’un arrêt d’activité inopiné de votre SSLL ou de votre intégrateur favori.

Par capitaliser, vous entendez mutualisation des efforts et partage des résultats ? La mise à disposition gracieuse des uns des fonctions financées par les autres est un choix de politique commerciale. Rien n’oblige l’éditeur à facturer 2 fois les mêmes développements.

Je me base pour répondre sur ce point sur ce que je connais : nos propres pratiques commerciales :

  • toutes les fonctions d’intérêt général développées sont intégrées au core applicatif et mises à disposition sans surcoût pour tous les clients

  • nous mettons à disposition de nos clients publics un store permettant de partager leurs créations, et les incitons fortement à le faire

La capitalisation, la mutualisation, la redistribution, le partage des coûts, l’animation d’une communauté n’impose donc pas que le logiciel relève d’une licence libre. Il s’agit plutôt d’une conviction, mise en pratique dans le processus de développement, et dans la politique de ventes.

[size=6]Comme dirait l’autre, le logiciel libre n’a pas le monopole du coeur, du moins de la communauté.[/size]

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Préambule: J’ai fondé une société d’édition de logiciels avec une licence tout à fait classique et des codes sources déposés à l’APP pour mes utilisateurs.
Objectifs et moyens: Il me semble que vous confondez la fin et les moyens. Un utilisateur souhaite disposer d’un logiciel qui réponde à ses besoins, qui soit facile d’utilisation, qui soit bien supporté à un moindre coût. Ce n’est pas parce que le logiciel est libre qu’il répondra mieux à mes besoins, ce n’est pas parce que le logiciel est libre que j’aurai un meilleur support, et surtout ce n’est pas parce que le logiciel est libre que cela vous coutera au final moins cher…
Masse critique: il me semble que pour arriver à avoir une communauté assez active autour d’un projet libre il faut une certaine masse critique. Si cette masse n’est pas atteinte le projet se meurt. Or un éditeur commercial classique pourra vivre avec des produits de niche sur une communauté réduite ce qu’il ne pourrait pas faire sur un autre modèle.
Formats: S’il y a un sujet sur lequel un utilisateur doit être particulièrement attentif, c’est le format des données qui sont manipulées par le logiciel. Si le format est ouvert alors il pourra changer de logiciel et pérenniser ses données.
Expertise: L’expertise nécessaire à prendre en main un logiciel libre est rarement disponible chez l’utilisateur. Ce n’est d’ailleurs en général pas son choix.
Capitalisation: Finalement payer une maintenance à un éditeur ou à une société de service tous les ans pour maintenir le logiciel à niveau me semble tout à fait similaire. Par contre il me parait économiquement beaucoup plus intéressant d’investir dans un éditeur local qui pourra faire fructifier ses développements vers d’autres clients. Imaginez par exemple que l’état investisse sur un traitement de texte Français et que du coup ce traitement de texte devienne suffisamment bon pour concurrencer Microsoft, ce serait beaucoup plus intéressant pour la France que de se contenter d’utiliser du libre.

Votre démarche est « éthique » et louable. Elle n’est cependant pas une démarche logiciels libres dans la mesure où :

  • Votre société peut, dans le futur, décider d’avoir une démarche moins éthique. L’utilisateur n’est pas protégé contre toutes les éventualités.
  • Si votre mode de gestion des demandes des utilisateurs ne leur convient plus ils ne peuvent pas avoir de protection, vos clauses ne les protégeant qu’en cas d’arrêt de vos prestations.

L’intérêt du logiciel libre est qu’avec les quatre libertés fondamentales que toutes les licences libres respectent, à savoir la liberté d’utiliser le logiciel, en étudier le code source, pouvoir le modifier et le rediffuser, le prestataire est un acteur de la communauté qui n’oblige pas les utilisateurs à le suivre. Ceux-ci peuvent, s’ils sont insatisfaits, conserver le logiciel et son code source et re-créer une communauté à coté de celle existante. Dans les faits cela n’arrive généralement que si le chef de projet n’agit plus dans le sens de sa communauté.

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Vous en appelez au réalisme, à l’épreuve des faits alors que vous ne convoquez rien d’autres que vos propres catégories de pensée malheureusement très ordinaires.
Même si je ne suis pas fan des discours lénifiants sur la « co-construction » - qui est devenue une tarte à la crème pour communicants -, vous semblez peiner à comprendre les enjeux qui sont derrière l’ouverture du code.

Vous voulez réduire cela à un critère technico-commercial alors qu’il s’agit bien d’un enjeu sociétal et même civilisationnel. Mais je ne suis pas surpris qu’en ces temps de gestionnite aiguë, l’on cherche, une nouvelle fois, à soumettre la politique à l’économique alors qu’il est urgent de faire l’inverse.

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J’ai lu vos commentaires avec intérêt. Et je constate un méli-mélo, ce qui peut mener à envisager des hypothèses ou tirer des conclusions erronées.

Déjà « logiciel libre » provient de l’anglais « free software ». Et dans l’esprit anglo-saxon, c’est « free of charge », soit « gratuit ». Alors que dans l’esprit européen continental « logiciel libre » est associé à « libre de droits ». Donc déjà, le concept est différent même si le logiciel, son processus de production et de livraison par téléchargement restent identiques.

Il y a une différence fondamentale du point de vue juridique. Dans le droit anglo-saxon (US & UK), la création intellectuelle (une musique, un écrit, une parole, un film, une photographie, un logiciel, un dessin, une forme, etc.) est dissociée de son créateur tandis que dans le droit européen continental (FR & DE), elle fait partie de son créateur en tant qu’extension de l’individu. Au même titre que ses organes.
Cela résulte d’une différence philosophique d’origine germanique datant de trois siècles et reprise par les Français mais reniée par les Anglais.

Ainsi, le droit d’auteur attachée à la création intellectuelle est automatique en Europe, dès lors qu’il y a une preuve datée ou des témoins effectuant une déclaration sur l’honneur. Il n’y a aucun enregistrement particulier à faire. Elle perdure durant toute la vie de son créateur, voire au delà pendant des décennies selon les pays.
Tant que dans les pays anglo-saxons, la création qui a sa propre vie juridique, doit être déclarée par son auteur auprès d’un organisme l’enregistrant et gérant les éventuelles contestations. C’est le fameux « registered » ® aux Etats Unis.
Le corollaire est que l’auteur d’une création, dont la portée est mondiale, au hasard un logiciel, doit enregistrer sa création aux US + UK, qu’il soit anglo-saxon ou européen continental, qu’il veuille l’exploiter ou pas en Europe, en UK, aux US. Sinon, un tiers pourra l’enregistrer à son insu, trouvant l’idée intéressante, et il aura beaucoup de mal à s’y opposer.

Concernant les brevets, il y a la même dichotomie entre le droit anglo-saxon et le droit européen continental. Déjà les anglo-saxons considèrent que tout est brevetable tandis que les européens continentaux considèrent que seul un bien matériel est brevetable. Egalement, le fonctionnement du brevet est inverse : pour les anglo-saxons, l’objet du brevet est de rendre public au plus vite la découverte afin que plusieurs entreprises en concurrence puissent proposer des solutions l’exploitant. Tandis que pour les européens continentaux, l’objet du brevet est de protéger son déposant pour qu’il en tire une rente le plus longtemps possible. Vous l’avez compris, les logiciels ne sont pas brevetables en Europe, à de très rares exception.

Un individu ou une société possédant des droits soit d’auteur ou soit via un brevet a alors plusieurs possibilités :

  • Soit exploiter son droit en direct pour son propre compte.
  • Soit déléguer l’exploitation de son droit à un tiers via un accord de licence, d’où le terme « licence logicielle ».
  • Soit renoncer à son droit et à verser l’objet sur lequel il possède ce droit au public.

Pour en revenir au « logiciel libre », selon l’appellation générique, il faut distinguer le droit et le prix. Et dans la composante droit, il peut y avoir de nombreuses variantes pour un tiers, tel l’autorisation d’usage ou pas, l’autorisation de copie ou pas, l’autorisation de modification ou pas, l’autorisation d’en faire publicité ou pas, l’autorisation d’en faire commerce ou pas, l’autorisation de se l’approprier ou pas. Et idem avec les obligations. C’est la raison pour laquelle il existe de nombreuses variantes de licences attachées aux logiciels Open Source.

Maintenant, il faut garder à l’esprit que, sauf à de rares exceptions, le droit est territorial. Ainsi les lois de l’Union européenne s’arrêtent à sa frontière, tout comme celles pour le Royaume-Uni et pour les Etats Unis. Et bien évidemment, l’esprit des corpus de lois est différent, comme je viens de l’expliquer pour le droit d’auteur ou le brevet.
Cela veut que les mêmes termes d’une licence peuvent s’interpréter différemment selon le territoire, voire peuvent être déclarés nuls. Et les américains sont très pugnaces pour faire respecter leurs droits. Donc avec le « logiciel libre », il faut ne pas faire n’importe quoi, sinon cela peut coûter très cher.

Concernant la production de logiciels, elle est loin d’être gratuite puisqu’elle nécessite un travail important, donc des compétences, de l’expérience, des hommes et d’autres moyens. De plus, les statistiques montre que ce volume de travail est croissant avec le temps. Ainsi, un gros logiciel dans les années 1990, c’était 100 000 lignes de code. Dans les années 2000, 1 000 000 de lignes de code. Dans les années 2010, 10 000 000 de lignes de code. Le coût est donc exponentiel avec le temps, même si l’automatisation tend à atténuer le phénomène.

Si tout le montre conviendra que le logiciel a un coût, alors comment le rendre gratuit, composante prix du « logiciel libre » ? Les modèles économiques les plus usuels sont les suivants :

  • Un ou plusieurs bénévoles consacrent du temps à la production du logiciel et à sa maintenance.
  • Une société commerciale tire de son activité principale un financement marginal (quelques pourcents de son CA) dédié à la production du logiciel.
    Par exemple, elle vend des ordinateurs, du service d’hébergement, du service de maintenance, etc.
  • Une société commerciale attire une base de clientèle via ses logiciels gratuits, collecte des données qu’elle revend à des annonceurs. Tel Google ou Facebook.
  • Un éditeur fait deux versions de ses logiciels - une limitée gratuite en tant que produit d’appel et une étendue payante.
  • Un éditeur commercialise les dernières versions de ses logiciels et diffuse gratuitement la version si ancienne qu’il la juge obsolète.
  • Un éditeur distribue les premières versions de son logiciel en construction le temps de se faire connaître puis les version suivantes seront payantes.
  • Un organisme d’état reçoit des subventions tirées de l’impôt pour mener des recherches et crée à cette occasion des logiciels - l’Inria.

Il faut savoir, par expérience, que le premier modèle économique basé sur le bénévolat fait long feu rapidement. La durée de vie constatée pour un logiciel produit par du pur bénévolat est de l’ordre de 3 ans, temps au bout duquel le burn-out fait son effet. Ce qui laisse le bec dans l’eau ses utilisateurs quand ils ne peuvent récupérer les données ou leurs traitements.
Dans les faits, plus de 80% des contributeurs au « logiciel libre » sont portés par des sociétés commerciales (Ibm, Microsoft, Facebook, Google, Intel, Nvidia, etc.) et seulement moins de 15% des contributeurs sont bénévoles.

Le logiciel libre est devenu un bon moyen pour écraser les concurrents dans l’attribution des budgets informatiques quand une solution globale doit être montée - matériel + logiciels de base + logiciels intermédiaires + logiciels applicatifs + gestion du changement + services après-vente. C’est pour cela qu’on retrouve des grands acteurs supporteurs de logiciels libres. Dans les affaires, l’altruisme n’existe pas.
En intégrant des « logiciels libres » gratuits, la structure de coût est remodelée, le plus souvent au détriment des éditeurs de « logiciels intermédiaires » qui se voient sortis du marché. Leur part de valeur est redistribuée entre les autres acteurs, dont le client.
C’est une technique d’optimisation, tout comme acheter directement son matériel en Chine et non auprès de fournisseurs nationaux ou faire appel à des sociétés de services offshore en Inde ou au Maroc au lieu de faire appel appel des SSII nationales.

Maintenant il existe aujourd’hui des logiciels onéreux tout comme des logiciels gratuits. Selon moi, ce qui compte est l’adéquation de la solution pour le besoin au regard d’un juste prix payé. Parce que même un « logiciel libre », on finit par le payer. Tout simplement parce qu’il a un coût de production grandissant qui est supporté à plus de 80% par des sociétés commerciales, donc employant des salariés, achetant du matériel et des services, payant des impôts et autres taxes pour cela. Le gratuit n’est qu’une impression au même titre que les services publics à la françaises. Qui au final ne sont pas mieux que dans les autres pays comparables mais coûtent beaucoup plus cher. Tout simplement parce que le consommateur n’a pas la notion du coût de production.

Outre l’adéquation de la solution sur l’instant, il faut aussi considérer sa pérennité, ce qui suppose une démarche qualité, une documentation actualisée, pas seulement pour l’utilisateur, mais aussi de son architecture et de son fonctionnement interne et un entretien des compétences par des des formations. Compte également fortement sa capacité à s’intégrer avec les autres logiciels, soit par échange de données ou soit par appel de services. Ce qui suppose qu’il supporte des normes ou des standards de l’état de l’art, qu’il évolue en conséquence, et qu’il soit ouvert via des APIs.

Trop de « logiciels libres » font défaut sur ses derniers points, sauf par exemple les biens connus Linux / Open Office / PostgreSQL, ce qui est déjà beaucoup moins le cas pour les logiciels propriétaires. Parce que cela engage la survie des entreprises éditeurs de logiciels pour conserver leurs marchés et donc leurs emplois et leurs profits.
Sachant que tous les éditeurs de logiciels, en particulier français, sont loin d’être aussi à l’aise qu’Oracle, Sap ou Microsoft sur le sujet.

Pour conclure, j’ajouterais que nos emplettes sont nos emplois et notre indépendance. Egalement dans le monde du logiciel.

Gni ?!!! Ça fait 30 ans que Richard Stallman (fondateur du mouvement des logiciels libres) répète « Free as in Freedom ».

Références :

« Je peux expliquer le Logiciel Libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. » Richard Stallman (conférence). Le principe de base des licences libres est la définition de libertés données aux utilisateurs. Absolument le contraire de « libre de droit » !!!

Comment pouvez-vous commencer une tribune en écrivant deux assertions aussi incroyablement délirantes et idiotes ?!!! :sob:

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Si je puis me permettre, sur les modèles d’affaires, c’est un peu plus complexe que ça. Il y a de nombreuses publications scientifiques et professionnelles sur le sujet.

Pour les publications professionnelles, je vous conseille une entrée en la matière :

https://aful.org/professionnels/modeles-economiques-logiciels-libres/differents-modeles

Pour le côté académique, je vous conseille en particulier ces articles :

Bonaccorsi, A., et al. (2006). « Entry Strategies Under Competing Standards: Hybrid Business Models in the Open Source Software Industry. » Management Science 52(7): 1085-1098.

Lisein, O., et al. (2009). « Les business models des sociétés de services actives dans le secteur Open Source. » Systèmes d’Information et Management 14(2): 7-38.

Mouakhar, K. and A. Tellier (2013). « Comment concilier marchand et non-marchand : une taxonomie empirique des comportements stratégiques des SSLL. » Systèmes d’Information et Management 18(3).

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Et bien non ! Libre ne veut pas dire « liberté, égalité, fraternité » i.e. bienvenue dans le monde des bisounours. Et c’est bien la grave erreur des personnes qui pensent ainsi.
Ce n’est pas la liberté pleine donnée au utilisateur, au sens anarchique (chacun fait ce qu’il veut) ou au sens communisme (négation de la propriété privée). Ce n’est qu’une illusion de le croire ainsi et pire de le faire croire.
Et peut importe la position philosophique des gourous sur le sujet émise au travers de diverses communications. Dans un état de droit, en l’occurrence l’Union européenne, le Royaume Uni et les Etats Unis, le droit prime. Le reste, c’est de la littérature et de la posture politique.

Parce que même un logiciel libre appartient le plus souvent à une personne, physique ou morale, et le plus souvent à une fondation. Et même s’il y a aliénation du droit d’auteur, à supposer que soit possible dans chaque pays, il n’en reste pas moins des responsabilités de celui qui l’a écrit (le contributeur) envers celui qui l’utilise de bonne foi (l’utilisateur). Ne serait-ce que pour des raisons de malveillance, même si la licence tente de s’en défausser.

Il y a toujours des droits attachés définis par la licence attenante, une parmi une myriade possible, dont les variations sont subtiles et pour lesquelles, s’il y a des droits, il y aussi des devoirs.
En revanche la liberté de l’utilisateur est dans le choix entre plusieurs solutions alternatives. Qui sont donc en concurrence pour le séduire.
Le modèle de logiciel libre fait abaisser la barrière à l’entrée d’une solution possible, en minimisant le coût d’investissement et d’exploitation. En revanche, elle peut augmenter la barrière à la sortie dès lors que la solution est abandonnée, parce que les porteurs du projet s’en détourne et qu’il n’est pas repris par tiers. En ce cas la récupération des données et des traitements peut s’avérer compliquée, voire impossible.

Oui, oui, il y a plein de modèles possibles. Je n’ai pas voulu être exhaustif et je n’en ai pas la prétention. Merci pour le complément en lien.

Dans la plus grande étude à envergure internationale menée, on était plutôt sur un rapport d’un sur deux (Spiller et Wichmann, 2002). D’autres études ont montré qu’il y avait une concentration des financements vers quelques projets. De mémoire c’était une équipe d’Harvard qui avait prouvé cela. Si je retrouve l’étude, je modifierai mon post.

Spiller, D. and T. Wichmann (2002). FLOSS Final Report - Part 3: Basics of Open Source Software Markets and Business Models, Berlecon Research GmbH: 1-58.

La différence entre les logiciels libres et les logiciels propriétaires est juridique. Elle a trois conséquences principales.

  1. un logiciel libre est gratuit une fois qu’il a été payé… c’est très théoriques, car on peut très bien acheter trente six fois le même développement, et on peut aussi ne jamais payer (il y a beaucoup de travail non payé dans le libre, et c’est un danger, car les abeilles peuvent en avoir un jour assez que les apiculteurs vendent leur miel);
  2. cela permet de séparer la solution et la prestation, c’est bon pour la concurrence et cela évite les situation de vendor-locking
  3. il est possible de participer au développement dudit logiciel et d’en maîtriser peu ou prou l’orientation, à proportion de la criticité de labrique dans le système d’information
    Vouloir « dépasser » la différence entre logiciel propritaire et libre consiste à considérer ces trois différence comme mineures ou au moins secondaire.
    Cela peut se comprendre pour un utilisateur pragmatique (l’État est un utilisateur pragmatique).
    Mais ce n’est pas un utilisateur comme les autres
    Et la troisième conséquence du statut juridique des logiciels libres est essentielle pour un acteur public, et a fortiori pour un État.
    La questionessentielle est de savoir qui maîtrise l’évolution des logiciels que nous utilisons ?.
  • de grandes sociétés dont c’est le business, et qui sont la plupart du temps étrangères
  • des comunautés fluctuantes
    Si nous posons la question en ces termes nous nous demandons ce qu’il faut choisir entre la peste et le choléra.
    Si l’on se demande qui a intérêt à produire du logiciel pour nos besoins la réponse sera toujours: personne à part nous.
    Il me semble que l’État n’est pas un utilisateur comme les autres. La gendarmerie nationale a opté pour passer au libre pour des raisons qui tiennent à ses missions: maîtriser ses systèmes, ouvrir ses documents dans trente ans. Une très grande partie des postes utilisateurs de l’administation française pourrait utiliser le poste de travail du gendarme…
    Il me semble que l’État devait se demander quels logiciels doit utiliser l’adminstration d’un pays idépendant. La réponse est évidente, mais elle dépend seulement de la question que l’on pose.
    Il faut développer ou du moins participer activement au développement des logiciels que nous utilisons, pour des raisons de maîtrise et d’indépendance.
    À quels logiciels pouvons-nous participer au développement ?
    Aux logiciels libres ou aux logiciels propriétaires ?

Autre réponse possible:
Le monde est en train de basculer vers le modèle de production ouvert.
Exactement comme les mathématiques l’on fait en quelques siècles.
Il est plus efficace de développer à partir du travail des autres, plutôt que de réinventer la roue.
Pythagore interdisait à ses disciple de divulguer les théorèmes et leurs démonstrations. les philosophes en Grèce ont libéré les mathématiques. Les idées ça se partage, ce sont des produits non rivaux.
La France a la chance d’être un des pays qui compte le plus de développeurs en logiciels libres. Sa devise est reprise par RMS pour expliquer ce qu’est le logiciel libre: « liberté, égalité, fraternité ».
plus généralement…
Parce que la voix de la France compte un peu dans l’histoire de la liberté, elle peut éclairer la voie de l’informatique mondiale libre, sur laquelle une formidable industrie de services et de valeur ajoutée
s’appuie déjà. Comme dans l’économie qui repose sur les mathématiques libres, où c’est la valeur des ingénieurs qui fait la différence, nous pouvons être sûr que dans une informatique libre, la France retrouverait au passage la place qui lui revient dans le concert des nations informatiques.

A vous lire on a l’impression que tout est merveilleux dans le même cas avec des logiciels propriétaires !

Quand un éditeur laisse tomber son logiciel les formats propriétaires empêchent bien souvent de récupérer ses données, alors que pour les logiciels libres, au mieux les formats sont ouverts et interropérables, au pire, le code étant ouvert on peut s’en sortir.

Les logiciels ça ne sert qu’à manipuler des données, au final ce sont quand même les données qui sont essentielles, le reste c’est de la quincaillerie.

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Mais d’où sors-tu que Logiciel Libre => liberté pleine ou anarchie ou communisme !!!
D’où sors-tu que les gourous soutiennent ce genre d’illusions !!!
Là, c’est toi qui propage des illusions néfastes !!!

Un logiciel libre est par définition une notion juridique définissant 4 libertés données par l’auteur aux utilisateurs.

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FAUX : la liberté de l’utilisateur est aussi dans les actions qu’autorise l’auteur via la licence. Voir les 4 libertés du Logiciel Libre. Voir la GNU GPL…

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