Dépasser l'opposition entre logiciels libres et logiciels propriétaires

C’est pourtant tout le contraire de ce que tu dis :

  • au moins, il est possible d’en sortir ;
  • il est possible de trouver un autre porteur du projet ;
  • il est toujours possible de récupérer les données et les traitements.

Comment peux-tu dire le contraire !!!

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Mais de quoi vivent les 50% de contributeurs bénévoles ? Pourquoi ne seraient ils pas rémunérés pour leur contribution ?

Un projet peut mourir mais la communauté ne meurt pas.
Que le projet se meurt n’est pas en soi une catastrophe. Il y a trop de projets où la qualité intrinsèque est discutable et la mise en oeuvre trop compliquée. Les mauvais projets doivent « se mourrir ». Les membres contributeurs d’un projet qui « se meurt » se reportent sur un autre projet.

Pas d’accord avec cette proposition. C’est le vrai débat à avoir. Le LOGICIEL LIBRE est un bien public. Le logiciel OPEN SOURCE ou FERMÉ appartient à un éditeur ; c’est donc un bien privé. L’enjeu est le suivant : est-ce que l’État et les collectivités doivent investir dans un bien public avec de l’argent public ou est-ce que l’argent public peut-il financer des bien privés ?

Un exemple pour illustrer la question : est-ce qu’une collectivité qui finance le développement d’un logiciel peut-il laisser l’entreprise revendre le logiciel développé à autant de collectivités qui souhaitent l’utiliser en payant une souscription régulièrement (situation de rente) ?

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L’usage d’un logiciel propriétaire n’est pas un problème de comparer ses qualités ou pas, Une entreprise qui créé, fait évoluer et commercialise un logiciel est une situation tout à fait convenable, comme le cas de l’éditeur Adobe pour Photoshop. Le choix est clair ; on achète un produit « sur étagère ».

Lorsqu’une entreprise appelle OPEN SOURCE un produit dont elle fait réaliser les tests par les utilisateurs eux-même, voire mieux reçoit des améliorations de codage par les utilisateurs eux-même, et puis revend son produit corrigé sous forme de souscription à ces mêmes utilisateurs. Cela devient moins convenable.

Enfin lorsqu’une entreprise reçoit le financement par un client pour développer une solution et la revend à d’autre clients, grâce aux licences OPEN SOURCE, cela devient presque de l’escroquerie.

Le logiciel OPEN SOURCE est le nouvel Eldorado de profit car un éditeur peut économiser les phases de tests en les faisant supporter par ses clients actuels et futurs ou mieux encore en prenant comme source de financement le client lui-même pour les phases de conception et de réalisation.

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Je parle de la communauté autour d’un projet spécifique, celle là peut tout à fait mourir. Les utilisateurs se retrouvent alors dans la même situation qu’avec un logiciel non libre (surtout si les codes sources sont déposés à l’APP).

Je crois que vous inversez le sens du propos de jpduval. C’est plutôt vous qui avez tendance à faire croire que tout est merveilleux dans le monde du libre. Le libre doit être pris en considération comme une réponse crédible mais n’est pas une réponse universelle et exclusive. Le modèle n’est pas une fin en soi.

Je suis d’accord, je n’ai rien contre non plus ! Il y a seulement une partie des contributeurs qui ne sont pas rémunérés de façon directe. Néanmoins ils peuvent vivre d’une autre activité. Par exemple, il y avait un développeur qui était médecin et qui développait sur son temps libre. Plus simplement, certains développeurs peuvent proposer des services de conseil, des formations ou encore des développements spécifiques à des clients.

Je ne suis pas d’accord avec ces analyses. Certains contributeurs développent par plaisir. Pour eux, il n’y a pas que l’argent dans la vie :yum:. Si on analyse tout du point de vue du gain associé, le lien social sera brisé. Si certains gagnent de l’argent avec du code open source ou des morceaux de code agencés de façon harmonieuse tout en respectant les règles des licences, je ne vois pas où est le problème.

Ce que l’on constate aujourd’hui c’est que le code lui même a de moins en moins d’importance. On passe d’une logique de produit à une logique de services (Sharma, 2002). Je pense qu’à l’avenir de toute façon le débat logiciel open source / fermé sera de moins en moins pertinent. A long-terme, on tendra vers une automatisation du codage via la création de modèles. Les premiers pas vers cela s’appellent l’IDM (l’ingénierie dirigée par les modèles), le BPM (Business Process Management), SOA (Service-Oriented Architecture) et plus généralement l’architecture d’entreprise (Lemrabet et al., 2010, 2011).

Lemrabet, Y., et al. (2010). Model driven interoperability in practice: preliminary evidences and issues from an industrial project. Proceedings of the First International Workshop on Model-Driven Interoperability. Oslo, Norway, ACM: 3-9.

Lemrabet, Y., et al. (2011). Business-it alignment and organisation agility enabled by BPM and SOA approaches interplay. 13th International Conference on Enterprise Information Systems (ICEIS).

Sharma, S., et al. (2002). « A Framework for Creating hybrid- open source software Communities. » Information Systems Journal 12(1): 7-26.

Un LOGICIEL LIBRE qui perd l’engagement d’une communauté au profit d’un autre projet peut être repris en partie dans l’autre projet, tout au moins ce qui était bon, de façon libre.

La démarche proposée par l’Agence pour la Protection des Programmes (APP) s’adresse essentiellement aux spécificités des créations numériques mal couvertes par le brevet ou par excès de complications que posent les principes généraux de la propriété intellectuelle lorsqu’il faut les mettre en application, surtout à l’international. Si j’ai bien compris la démarche c’est plutôt dans la preuve qui apporte pour dater l’antériorité si un logiciel déposé venait à être copié.

Dans le cas du LOGICIEL LIBRE, sous licence GPL par exemple, il s’affranchit d’un principe juridique de l’espace de son application, d’un territoire donné. La licence GPL se veut d’emblée mondiale et non soumise à un espace de droit. Cela résout en partie la réalisation et la diffusion d’oeuvres forcément collectives et partagées.

En tout cas, la complication est bien là pour les logiciels propriétaires, le temps de protéger une « oeuvre » et de veiller à sa non violation de droit d’usage devient vite un problème non solvable dans les faits.

Comment se prémunir du pillage ou le stopper après que les auteurs de pillages aient réalisé des profits avec les logiciels OPEN SOURCE ou FERMÉ ? A moins d’être une multinationale sur plusieurs continents avec ses armées juridiques, les « petits » créateurs sont trop facilement exposable au pillage des bénéfices en exploitant des « oeuvres » dans d’autres lieux, d’autres espaces juridiques. On ne s’en sortira jamais avec ce mode de production logicielle.

Je crois que vous confondez les notions d’utilisation et d’investissement.

L’Etat ou les collectivités locales n’investissent quasiment jamais dans des logiciels : elles recherchent des solutions à leurs besoins techniques, fonctionnels ou organisationnels.

Le logiciel n’est pas une fin en soi. Il s’agit d’un moyen parmi d’autres pour améliorer leur « core business » : le service public rendu aux usagers.

Dans le cas où ces organisations publiques sont amenées à faire développer un logiciel spécifiquement, elles en gardent habituellement la propriété intellectuelle, et peuvent, ou non, en libérer le code au bénéfice d’autres acteurs. Mais la plupart du temps, la solution à leur besoin ne passe pas par un développement ad hoc, mais par une intégration logicielle, ou la concession de licences d’un logiciel sur étagère.

Je vous invite à lire les recommandations de l’APIE pour en savoir plus.

Il peut toutefois arriver qu’un donneur d’ordre public trouve un intérêt à utiliser les finances publiques pour financer lui-même le développement d’un logiciel, le distribuer sous une licence open source, et mobiliser sur plusieurs années des moyens humains et financiers pour en assurer la pérennité, développer et animer une communauté, etc.

Quant à savoir si cela s’avère économiquement pertinent dans la durée, ou si le gain doit être recherché ailleurs (communication politique, plaisir des porteurs du projet, etc.), à chacun de se faire sa propre opinion.

C’est bien le problème !

Quand le besoin est récurrent, il faut à un moment donné investir pour retrouver une nécessaire indépendance qu’elle soit technique et/ou financière.
C’est la même logique entre être locataire à vie ou propriétaire et il est clair qu’à long terme (et l’État est là pour longtemps) ça ne vaut pas le coup d’être locataire.

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L’État et les collectivités investissent dans des projets logiciels d’envergure et les font fonctionner :
CHORUS https://fr.wikipedia.org/wiki/Chorus_(logiciel)
CARTE VITALE https://fr.wikipedia.org/wiki/SESAM-Vitale
RSA http://adullact-projet.coop/index.php/libriciels/web-rsa/62-partenaires-institutionnels
La DEMAT https://proceduresdematerialisees.wordpress.com/presentation/procedures-dematerialisees-administratives/

L’enjeu pour l’État et les collectivité est de proposer des nouveaux services, de simplifier des démarches aux usagers avec des effectifs constants, voire même en diminution. Il ne s’agit pas que des problèmes techniques mais de trouver de vraies innovations logicielles. Les gains de productivités gagnés par l’industrie a fait place ces dernières décennies au monde des applications logicielles. Les géants d’aujourd’hui se sont fait sur les technologies de l’information et les logiciels Web.

Je ne pense pas que le logiciel n’est qu’un moyen parmi d’autre. Le logiciel interface les humains avec tous les supports tactiles et les ordinateurs de la planète. Les logiciels relient les hommes entre eux.

CIGREF = Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises… qui sont aussi des investisseurs des entreprises informatiques, notamment majoritairement par le biais des banques membres du club.

En 2012 le Cigref écrivait lui-même : « Le marché français des logiciels et services pèse plus de 30 milliards d’euros et emploie 337000 salariés. Ce qui en fait l’un des tout premiers secteurs de l’économie française. »
(source : http://www.collection-cigref.org/entreprises-de-services-et-economie-numerique/ ).

Dans ce contexte profitable, nul doute que l’intérêt des grandes entreprises françaises est de conserver un secteur en croissance et profitable. Promouvoir le LOGICIEL LIBRE couperait une source de profit réalisée par les logiciels d’éditeurs FERMÉ ou OPEN SOURCE, ce qui est de fait la même chose. Selon cet éclairage, les publications du Cigref ne sont certainement pas favorable honnêtement à l’essor du LOGICIEL LIBRE.

Votre analyse est un peu erronée :relaxed:. La France, et même l’Europe, ont peu d’éditeurs de logiciels. En France et en Europe, il y a davantage de grandes entreprises dans le domaine de l’intégration, des systèmes d’information critiques, et des services (ex : Thales, Sopra, Bull, etc.) que dans le domaine de l’édition de logiciels. Contrairement aux USA et au Canada qui ont davantage d’éditeurs. Stratégiquement, l’Europe a davantage intérêt à promouvoir le logiciel libre que le logiciel fermé !

En ce qui concerne la terminologie, open source et fermé ne sont pas synonymes. Pour la majorité des praticiens et des académiques, logiciel libre et logiciel open source sont interchangeables. Dans les faits, je mets au défi quiconque de donner une liste de 10 logiciels qui sont considérés comme open source (selon l’Open Source Initiative) et qui ne sont pas considérés comme libres (selon la Free Software Foundation).

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Pour abonder dans ce sens, une étude de PwC montre que sur les 100 principaux éditeurs de logiciels, un seul est français : Dassault. (merci @Olibrius pour cette information)

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Et abdiquons notre souveraineté. On en reparlera quand vous aurez vendu votre société et que la nouvelle maison mère fermera les API dont vous vantez !

Il s’agit bien d’un choix social !

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Ils ont généralement un autre métier, dans lequel une partie de leur temps peut-être dédié au logiciel libre : c’est le cas de certains universitaires, ou d’employés de certaines entreprises.

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La France compte des ressources de créateurs qui couvrent tous les domaines de la création logicielle. Cela fait beaucoup d’ingénieurs…

Le Top 250 des éditeurs et créateurs de logiciels français (parmi une liste de 344 entreprises du secteur)

En deux ans, les éditeurs de logiciels français ont créé plus de 15 000 emplois. Les seuls «pure players», sociétés principalement consacrées à l’édition de logiciels en ont créé 10 000, soit une progression de 18 % de leurs effectifs qui s’élèvent désormais à près de 67 000 salariés.

Avec notamment :
DASSAULT SYSTEMES notamment la CAO 3D CATIA et SOLIDWORKS (dans le top 100 cité)
AXWAY Transfert CFT
PC SOFT avec environnement de développement complet Windev
4D Base de données
UBISOFT jeux Assassin’s Creed, Far Cry et Watch Dogs https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_jeux_Ubisoft
GAMELOFT « 2 millions de nouveaux jeux Gameloft sont téléchargés chaque jour » http://www.gameloft.com/corporate/?lang=fr&ref=http%3A%2F%2Fwww.gameloft.fr%2F%3Fsk

Rappeler quand même que :
Syntec Numérique c’est une Chambre Professionnelle des Sociétés de Conseil et de services informatiques, des Éditeurs de Logiciels et des sociétés de Conseil en Technologies, Syntec Numérique représente plus de 1 200 membres, soit près de 80 % du chiffre d’affaires et des effectifs de la profession (400 000 collaborateurs, 42 milliards d’euros)

Source : http://www.top250-editeurs.com/sites/top250-editeurs/files/panorama_top250_editeurs_createurs_logiciels_francais_2015.pdf

Mais aussi

VideoLAN VLC, un projet étudiant de l’École centrale Paris et une association loi 1901. https://fr.wikipedia.org/wiki/VideoLAN

BORLAND créé par un ancien professeur de mathématiques français avec Turbo C, Turbo Pascal, la base de données Paradox, le tableur Quatto Pro, Delphi, C++ Builder, C#Builder et JBuilder… https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Kahn

Business Objects par Bernard Liautaud et Denis Payre.

http://framablog.org/ qui propose des alternatives à Facebooks, Google, Dropbox, etc. avec Framasphère, Framabee, Framaboard, Framadate, Framacarte, Framacalc, Framadrive, etc.
https://degooglisons-internet.org/

Il s’agit là d’une erreur d’appréciation, très souvent faite, mais très grave, de ce qu’est un logiciel.
Un logiciel ne peut pas être considéré comme un « moyen parmi d’autre ». Le logiciel, à la différence de quasiment tous les autres outils, a cette particularité de manipuler/traiter/modifier de l’information (devenue aujourd’hui la « matière première » de bien des projets) , tout en contenant l’intelligence de son développeur et qui plus est, capable de communiquer avec d’autres logiciels (au travers de réseau ou via un support). Un outil qu’il est impossible de modifier, de réparer , voir même de savoir ce qu’il fait précisément si il n’est pas « libre ».
Et c’est en cela que le logiciel est un moyen beaucoup plus puissant et dangereux pour la liberté de son utilisateur que n’importe quel autre outil.

C’est pour cela que l’on ne peut pas se contenter de dire : « J’ai besoin de faire cela, ce logiciel le fait, alors je le prends ». Ce raisonnement peut conduire à la perte, à la prise de contrôle (formats fermés) ou à la fuite (espionnage) de tout ou parti de l’information que ledit logiciel traite.
Non le logiciel n’est pas un outil comme un autre et c’est pour cela qu’il existe des organismes de défense du logiciel libre.
La réflexion dans le choix d’un logiciel se doit de tenir compte de l’importance des informations que le logiciel doit manipuler et avec qui ses informations devront être échangées.

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