(Stratégie) Maquette numérique (BIM) : chassés par la porte les logiciels privateurs reviennent par la fenêtre

Bonjour,

Ce message mentionne deux rapports relatifs à la maquette numérique des bâtiments (BIM) disponibles sur http://www.batiment-numerique.fr/.

Le premier rapport date de Décembre 2014 (B. DELCAMBRE, « Mission Numérique Bâtiment », http://www.planbatimentdurable.fr/IMG/pdf/rapport_mission_numerique_batiment.pdf). Il visait à préciser le contexte de l’utilisation du numérique dans le bâtiment. Il était plutôt favorable à l’utilisation de l’open source (cf axe 4 page 42).

Le second rapport date du début de l"année (31 Janvier 2016 X. PICAN, «Droit du numérique & Bâtiment", accessible à partir de la home page ). On peut constater à la lecture de ce second rapport qu’il corrige les errements du premier :).

Morceaux choisis : (p42) :

Le groupe de travail a pris conscience des problématiques juridiques liées à l’utilisation d’Open Source et dès lors recommande le format de logiciel «propriétaire» sans Open Source compte tenu de l’ensemble des risques énoncés aux paragraphes précédents.

Les risques énoncés aux paragraphes précédents (p 40,41) sont les conséquences de "l’utilisation d’un logiciel open-source " :

  • La première conséquence est que les termes des licences de l’Open Source ne sont pas négociables.

  • La seconde conséquence est le risque potentiellement contaminant des logiciels Open Source.

  • La troisième conséquence est l’absence de garantie accordée par les éditeurs de logiciels Open Source.

Je ne suis pas juriste mais à ce niveau là d’argumentation, je sens que je vais me lancer dans la carrière :wink:

Sans plaisanter, ce qui me paraît le plus dangereux la dedans est surtout que des formats propriétaires de données – à très longue durée de vie – soient recommandés alors qu’il existe des formats standardisés (IFC ./ iSO, CityGML /l’OGC) largement utilisés par ailleurs.

Votre avis ?

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Je n’ai pas pu (défaut de droits) rajouter un troisième lien dans le message initial. Voici donci le lien direct sur le rapport de janvier 2016 :

http://www.batiment-numerique.fr/uploads/DOC/Rapport%20VF__%20droit%20du%20numérique%20et%20batiment[1803].pdf

De qui se moque-t-on ?

La licence des logiciels privateurs est-elle négociable ?

Les logiciels opensource (ou libres) ne contaminent en rien les données qu’on produit et manipule avec… alors que les logiciels privateurs imposent souvent par la même occasion des formats propriétaires qui rendent l’accès aux données difficiles.

Les garanties des logiciels privateurs sont plus souvent des « limitations » de garantie… et les éditeurs ne corrigent les bugs qu’au rythme où ils veulent (dans la version de leur choix… parfois la nouvelle avec mise à jour payante).

Qui a bien pu pondre un tel argumentaire ? ça sent le lobby à plein nez…

L’auteur de ce deuxième rapport est issu d’un cabinet d’avocat (Lefebvre), un milieu qui au mieux ne comprends pas grand chose au monde du « libre ».

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Lobbying ? Yep sans doute … « Business as usual ».

Par le passé une firme assez connue – ayant la mainmise sur les formats C.A.O.2D – a fait beaucoup d’effort pour que ses formats de fichiers soient assimilés au terme « BIM ». On peut supposer qu’elle continue …

De ce point de vue il est peut-être significatif que les pays du nord de l’Europe (Finlande, Norvège, Pays bas, …) qui ont d’entrée tout misé sur les formats standards ne soient pas cités dans le rapport :frowning:

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Heu … a bon ?
Allez, au hasard : https://about.gitlab.com/pricing/ pour 39$/mois : support dans la journée. Par contre : je connais mal les logiciels du batiment. Mais je suis a peux près sur que les éditeurs de logiciels libres de cette catégorie propose aussi un service de support.

Sans doute, bien entendu mais je ne connais pas particulièrement le secteur moi non plus .

Ce qui n’est pas envisagé dans le rapport c’est que le support puisse être défaillant – un support n’est garanti que tant que le prestataire existe.

Or , à mon humble avis, la défaillance du support est un risque majeur lorsque les données doivent être pérennes et que ces données peuvent être utilisées dans une procédure (garantie décennale sur les réalisations par exemple)

De ce point de vue « étude de risque » l’utilisation de « format de logiciel «propriétaire» sans Open Source » tel que le recommande le rapport est une réelle menace.

Rq: l’utilisation d’un séquestre de code n’est qu un pis aller … comment peut-on espérer rentrer dans du code source datant de presque dix ans sans aucune connaissance préalable et sans posséder de documentation fiable sur les formats de données ?

Bonjour,
Merci pour ce sujet intéressant. Je vais soumettre quelques précisions du point de vu d’un professionnel du bâtiment…
Pour la partie qui me concerne (thermique du bâtiment), il existe malheureusement trop peu d’Open-Source. Je n’ai d’ailleurs jamais rencontré de thermicien professionnel utilisant des logiciels métiers Open-Source.
Le moteur de calcul thermique réglementaire pour la construction neuve (niveau de base du travail de thermicien), développé par le CSTB, n’est pas Open-Source du fait du Contrat de mise à disposition des codes sources. Il n’est accessible qu’aux entreprises (moyennant rémunération de 10k€HT au bénéfice du CSTB) et aux établissements d’enseignement (gratuitement). Bien évidemment pour ce prix-là, le CSTB propose un développement collaboratif (mais ne s’engage pas à effectuer des corrections sur le code source…) !
Il s’agit pourtant bien d’une réglementation issue du Code de la Construction, et la diffusion du moteur de calcul a été redéfinie dans le cadre de la Loi pour la Transition Énergétique et la Croissance Verte (donc, je suppose, dans l’intérêt général).
Cela illustre assez bien le manque de culture libriste dans le secteur du bâtiment et, selon moi, cela explique la trop lente progression de ce secteur du fait (entre autres) d’une absence totale de vision collaborative et ouverte.
Pour revenir au BIM, l’Open-Source existe, mais les applications me semblent encore aujourd’hui très marginales. Je ne suis pas suffisamment expert en la matière, mais le domaine me semble effectivement très sujet au lobbyismes débridés de quelques éditeurs cités ici dans les différents posts.

Ce qui me semble bien démontrer que le privateur ne permet pas plus/pas moins que le libre de garantir un logiciel. Ce n’est que le contrat qui garantit.

Denis