Contribution de l’administration aux logiciels libres

L’administration utilise de nombreux logiciels libres : (OS, base de données, CMS, suite bureautique, navigateur, etc.). C’est une très bonne chose, mais comment l’administration peut-elle passer d’un statut pratiquement exclusif « d’utilisateur » à un statut de « contributeur » et participer à l’effort commun d’amélioration des différents logiciels libres qu’elle utilise ?

L’administration réalise très (trop) peu de contributions aux communautés open source. L’une des rares contributions se fait par le support et ce dernier est majoritairement opéré par de grosses SSII bien loin des sociétés dites « libristes ». Et si l’administration gérait un budget destiné au financement d’évolutions des logiciels libres qu’elle utilise ? Ce budget pourrait être calculé sur un pourcentage des achats de logiciel par l’État. Vu le sujet Achats de logiciels par l’Etat 1 % serait déjà un très bon début !

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Bonjour Pierre.

C’est effectivement le sens de la circulaire Ayrault. La mise en pratique est plus difficile car, dans le sens de la LOLF et des lois de programmation, il n’existe aucun mécanisme qui s’impose aux différents services de l’Administration pour favoriser ces contributions. Quand un service de l’État a un besoin, il le réalise par ses moyens propres (et il en a assez peu) http://www.silicon.fr/henri-verdier-dinsic-projeter-etat-modernite-numerique-135019.html ou il passe des appels d’offre et il n’ y a pas matière à favoriser spécialement le Logiciel Libre (Il n’ y a en tout cas aucun texte qui le contraint à le faire).
Quelles seraient les solutions :

  • Adapter la loi de finance pour permettre un juste calcul des dépenses logicielles avec une rubrique comptable dans chaque ministère:
    https://www.ccomptes.fr/Accueil/Publications/Publications/Relations-aux-usagers-et-modernisation-de-l-Etat

  • Création d’une agence ou d’un service spécialement mandaté sur le Logiciel Libre (comme le fait l’ANSSI pour la sécurité) (Agence chargée de l’OS Souverain prévue dans la loi ???)

  • Obligation de mettre des dispositions juridiques concernant le code et les logiciels commandés par l’État (Cette obligation a été proposée dans la loi République Numérique mais n’a pas été retenue)

  • Clarifier les mesures d’encouragement au Logiciel Libre prévue dans le Projet de loi en cours d’adoption …

  • Libérer 10 ou 20 % du temps de certains agents à travailler au sein des communautés de Logiciels Libres avec l’aval de leur hiérarchie.

  • Former les agents, non au sein d’entreprises de formations « traditionnelles » mais directement auprès des meilleures startup françaises du domaine … (Comme on est plus dans le cadre hiérarchique, il y a moins de contraintes administratives)

… d’autres idées ? Hackathons etc …

Cordialement

Christophe

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Oui ceci va être nécessaire pour que cet « encourager » désormais inscrit dans la loi se traduise dans les faits, dans les commandes, dans les achats…

[quote=« Christophe, post:2, topic:265 »]
Quand un service de l’État a un besoin, il le réalise par ses moyens propres
[/quote] Mais que c’est compliqué ! Surtout quand le besoin est inter-ministériel, par exemple pour les évolutions de Samba qui bénéficieraient à l’ensemble des ministères …

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C’est compliqué surtout sur le plan administratif, non ?

Sur le plan technique, c’est allouer du temps pour contribuer à ces améliorations directement dans le code via les canaux habituels de contribution (issue, pull-request…)

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Oui oui, c’est compliqué sur le plan administratif !
Effectivement, d’un point de vue technique, ça peut se faire par les canaux habituels sauf que si l’évolution demandée ne fait pas partie de la roadmap de la communauté ça se complique car il faut s’organiser entre les ministères.

Je crois que se sentir obligé de contribuer parce qu’on utilise est une mauvaise manière de poser la question de son rôle dans le logiciel libre. C’est généreux, c’est gentil, c’est aimable et courtois, mais ça n’a rien à voir avec l’économie du logiciel libre. Le libre n’est pas du shareware ou du cardware! L’utilisation d’un logiciel libre ne crée aucun devoir si le logiciel est libre. Vraiment libre!

Ce que l’on doit se sentir obligé de faire, c’est, quand on finance des améliorations ou des fonctionalités nouvelles, si possible génériques, de (faire) redéposer le code que l’on a fait développer dans le projet souche.

Ce qui est grave ce n’est pas d’utiliser, c’est de faire un fork privé à chaque modification/amélioration que l’on développe ou que l’on fait développer.
On a bient-sûr le droit de ne pas contribuer (sauf pour le cas de licences comme AGPL), mais c’est simplement idiot, parce que c’est imprudent.

L’initiative http://upstream-university.org/ va dans ce sens.

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Evidemment il n’y a pas d’obligation à contribuer mais tout de même :

  • L’administration est un (gros) consommateur de LL
  • L’administration est capable de payer des licences de logiciels propriétaires (elle a donc les moyens)
  • Si un logiciel libre ne lui convient pas, elle a plus tendance à chercher prioritairement une alternative (y compris propriétaire) qu’une volonté d’amélioration, d’évolution d’une solution libre existante … (ou pire de faire un fork privé)

Cette situation est dommage et mérite d’évoluer.

« ou pire de faire un fork privé » : cette situation a tendance à s’estomper mais elle existe .
Le principal problème est le temps d’évolution des piles logicielles dans un système complexe. Certains déploiements mettent parfois plusieurs mois (années) et à la découverte d’un bug , il est plus facile de corriger un produit sur une version ancienne que de redéployer une version récente qui devra être requalifiée d’un point de vue fonctionnel , sécurité, sans compter d’éventuelles régressions , changement d’API etc …L’Administration est rarement avide des dernières évolutions fonctionnelles …
Ces versions corrigées sont effectivement des forks mais basés sur des backports et qui n’ intéressent que rarement l’éditeur ou la communauté.
Christophe

Ça pourrait être assez simple en fait, avec un système de mise en commun des ressources/requêtes.
Un autre fil parle d’une forge d’État, allons plus loin:
Une administration peut proposer une fonctionnalité sur la forge.
Les entreprises peuvent déposer des offres commerciales pendant que les autres administrations peuvent indiquer leur intérêt tout comme leur contribution financière maximale.
Le premier demandeur ou un autre maître d’oeuvre (agence d’État?) évalue les offres et compare avec les contributions proposées. Si ça rentre, le projet démarre.

@matlag On peut aussi imaginer que ce ne sont pas des entreprises mais aussi des citoyens et associations qui pourraient répondre aux besoin de fonctionnalités :slight_smile:

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Effectivement, mais à laisser à l’arbitre: certaines choses pourraient avoir des contraintes de temps sur la complétion ou des contraintes de suivi.
Un particulier ou une association ne peuvent pas forcément fournir de garantie de ce côté.

Adminstrateur système dans une structure publique, je mets en place des solutions logiciels libres : il y a moins bien, mais c’est plus cher…
Et — cela me semble évident, mais c’est une culture — lorsque je dois effectuer des modifications qui peuvent bénéficier à tous, je reverse celles-ci à la communauté.
De mon point de vue, pour faciliter la généralisation de cette pratique, il faut : 1. valoriser sinon autoriser et surtout dédramatiser, « décharger » les faits de contribuer à des projets externes et de publier un travail intellectuel si infime soit-il (comme dans mon cas) et 2. dans le cas spécifique du logiciel, former les agents à quelques règles et concepts simples mais incontournables (dépôts de code, clonage, branche de développement, demande d’intégration, propriété intellectuelle, …)

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D’accord avec vous tous,
Il y a avant tout un problème de culture administrative vis-à-vis des concepts du Logiciel Libre. La Circulaire Ayrault les évoque mais, ne les résout pas.

Du côté des administrations, ce qui manque c’est « un guide » qui prendrait en compte les procédures et donnerait des propositions/suggestions en s’appuyant sur des retours de cas vécus.
Ensuite, pour les évolutions de souches, pourquoi réfléchir uniquement entre administrations pour chercher des solutions de contribution auprès de la communauté concernée ? Les entreprises privées ne rencontrent-elles pas le même problème pour celles qui utilisent aussi cette souche ? leur a -t-on posé la question ? a-t-on demandé comment elles veulent s’y prendre ? Certaines se regroupent pour faire du co-financement, s’est-on rapproché d’elles ?

Open source : c’est open à tous, pas uniquement au sein des administrations …
Il faut penser à s’élargir l’esprit : arrêter de penser administrations d’Etat, d’un côté, puis, élargir à Fonction publique en y incluant les collectivités, d’une autre côté.

Un Forum de discussion sur les Logiciels libres ouverts à tous, est le premier pas qui va dans la bonne direction … maintenant, comment aller plus loin dans l’action ?

L’administration aurait tout intérêt à contribuer aux logiciels libres qu’elle utilise. C’est expliqué dans la circulaire Ayrault. Ce n’est pas seulement par générosité ou par reconnaissance. C’est aussi un enjeu de gouvernance du SI de l’Etat. Contribuer permet de peser sur la feuille de route et veiller à ce que les besoins de l’Etat-utilisateur soient pris en compte.
Les fonctionnaires volontaires pourraient contribuer, et pas seulement au codage ! Il y a souvent de gros besoins à la documentation, à la traduction, à la communication, etc.
Pour cela ils ont besoin que ce travail soit reconnu par leur hiérarchie. Et c’est là que ça coince. Un responsable de service veut que ses collaborateurs travaillent pour la mission de son service, et c’est normal. Or, contribuer à un logiciel (libre ou pas) ne fait partie de la mission d’aucun service.
Comment lever cet obstacle ?

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Bonjour,
Je ne vois pas mention de l’ADULLAC http://www.adullact.org/ dans ces échanges.

Fondée en 2002, l’ADULLACT a pour objectifs de soutenir et coordonner
l’action des Administrations et Collectivités territoriales dans le but
de promouvoir, développer et maintenir un patrimoine de logiciels libres utiles aux missions de service public.

N’est-ce pas une association qui pourrait être le lien de financement ou de gouvernance ?

@cyrille37 pardon de répondre si tard…
Nous vous remercions de penser à ADULLACT d’autant que nous avons récemment proposer nos services de « médiateur de financement » auprès des collectivités ainsi qu’auprès du groupe MIMO.
D’autre part, notre activité pour ce qui concerne la gouvernance, est particulièrement appréciée des collectivités qui participent à nos Groupes de Travail Collaboratifs (GTC). Nous serions en mesure de répondre favorablement aux services de l’état qui souhaiteraient dialoguer puis afficher voire financer la roadmap de leurs rêves sur tel ou tel logiciel libre.

Bonjour ici,

J’ai un peu de mal à comprendre en quoi il serait compliqué de déployer un projet ouvert à contributions pour les administrations, la contribution n’est pas un obstacle juste une ressource d’intérêt commun à assimiler et à valoriser. non ?

Ho que si, contribuer à un logiciel peut parfaitement s’inscrire dans une mission de service, puisqu’une telle contribution a généralement pour objectif d’améliorer un logiciel utilisé ou déployé par le service concerné.

Au delà des petites contributions faites directement par les agents, il est également possible d’investir plus fortement dans des contribution via des appels d’offres, en demandant aux prestataires de livrer des contributions acceptées. C’est ce que nous mettons en place pour LibreOffice.

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