Je me dois de poster quelques explicatifs, le sujet étant un peu « à la marge » sur ce forum. Toutefois, compte tenu des lecteurs qui s’y trouvent ces réflexions feront peut-être écho à celles de certains.
Linky ou pas linky (voir les vidéos du post précédent): je ne prendrai pas parti directement ici et maintenant car tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Je me permettrai toutefois à ce stade ces quelques réflexions de normand :
D’un côté, quand on a un minimum de culture scientifique, on sait pertinemment qu’une métrologie fiable et précise est essentielle à toute industrie de service et en particulier pour l’électricité qui ne se stocke pas, mais qui est produite à la demande. Il est donc fondamental qu’ERDF connaisse les consommations précises en temps réel aux points de livraison si l’on espère voir optimisée la production électrique et répondre à la demande au plus prêt des besoins. Quand on connaît les enjeux énergétiques et environnementaux, les contraintes liées aux nouveaux usages que l’on espère développer (comme la voiture électrique par exemple) on ne peut que se réjouir voir émerger ces nouvelles technologies sans lesquelles ces perspectives nouvelles sont tout bonnement en l’état in-envisageables.
De l’autre, on est en droit de se préoccuper des mouchards qui aujourd’hui pullulent chez nous et sur nous et qui sont capables de renseigner des tiers sur des choses aussi triviales que sa présence ou non à son domicile, les site web qu’on consulte ou les personnes avec on discute : ces questions sont centrales, on ne peut plus les « mettre sous le tapis ».
Mais soyons adultes : ces « mouchards » sont aujourd’hui généralisés et « linky » n’invente rien. Réfléchissons par exemple à la quantité d’informations que récupèrent sur leurs abonnés les fournisseurs de « box » d’accès à internet : ils savent ce que vous regardez à la télé, ils savent quels sites web vous visitez, ils peuvent même savoir si vous êtes ou non chez vous… Réfléchissons à ce que sait de vous votre opérateur de téléphone portable ou votre fournisseur d’adresse mail !
Bref : savoir ce que des tiers savent sur nous est indispensable, mais lutter contre ces technologies que nous utilisons tous chaque jour pour notre plus grand bonheur n’a simplement aucun sens.
L’homme devait-il bannir le feu parce qu’on peut s’y brûler ?
Il faut maîtriser les choses, surveiller et ne pas faire n’importe quoi : oui ! Et on peut se réjouir de disposer en France d’un organisme comme la CNIL qui pour le coup est un véritable lanceur d’alerte et offre à chaque citoyen des possibilités de droit pour éviter certains risques de dérives… Certes, la CNIL a peu de moyens et à ses limites : l’environnement « technico-juridique » n’est-il pas mondialisé ?
Une autre piste à creuser serait peut-être de réfléchir à un droit pour le consommateur de débrayer ponctuellement et dans certaines conditions certains dispositifs intrusifs ?
J’ajouterai un point à ces quelques réflexions : l’impitoyable économie de marché regorge d’acteurs toujours très prompts à lancer ou à soutenir des campagnes de dénigrements dès qu’il s’agit de reprendre la main sur des technologies ou marchés lorsqu’ils sont en retard. Nos amis anglo-saxons sont très forts en la matière : on se souviendra de celles qui ont plombé commercialement des réalisations de pointe comme « Le Concorde » ou le format VCR des premières K7 vidéos dans les années 70. Et si « Linky » subit aujourd’hui les foudres d’honorables détracteurs, je n’entends pas beaucoup parler d’officiels américains montant aujourd’hui au créneau pour dénoncer devant le congrès les dérives intrusives de google, de microsoft ou d’apple…
Enfin, il y a aussi les zones d’ombres comme les présumés effets sur la santé des ondes émises par linky : là, je ne suis pas suffisamment compétent pour avoir une intime conviction pertinente à livrer… joker !
Comme toujours, ce n’est pas facile de se positionner par les temps qui courent…