L'accessibilité numérique et le logiciel libre

L’accessibilité (ou a11y pour les geek), voilà un sujet qu’on n’associe pas souvent aux logiciels libres. Pourtant parmi les valeurs prônées par ces communautés, l’inclusion de tous est en bonne place. Alors pourquoi si peut de prise en compte d’un sujet dont le principe même est d’offrir le même niveau d’information quel que soit ses capacités physique ou intellectuelle ?
Dans le formidable monde de l’administration, on trouve des règlements et des référentiels pour tout. L’a11y n’échappe pas à cette règle. Il existe en effet un référentiel général d’accessibilité pour les administrations (RGAA) qui s’impose à tous les " systèmes de communication publique en ligne ". En pratique, il s’agit d’un document regroupant des critères basés sur la norme internationale WCAG 2.0 dont il existe une traduction française et des tests qui permettent d’évaluer la prise en compte de l’a11y suivant 3 niveaux (A, AA et AAA). Je vous invite à consulter la pages accessibilité sur le site references.modernisation.gouv.fr si vous souhaiter en savoir plus.

La réflexion
Je n’ai pas trouvé de liste des logiciels libres (ou pas d’ailleurs) qui seraient accessibles à des personnes en situation de handicap. Même si ce critère ne concerne que ceux qui offrent une interface utilisateur, il serait fort utile que ce type d’information puisse être consolidée dans un document qui mettrait en avant une liste de solutions libres qui pourraient ainsi former un socle interministériel.
Ah mais cette liste existe déjà ! Ne serait-ce pas le SILL (socle interministériel de logiciels libres) ?
On pourrait commencer par là. Ensuite, il faut que l’a11y soit prise en compte au sein des communauté, dans les développements maison ou juste dans des correctifs. Là c’est moins évident à diffuser. Mais pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure, il existe des ressources disponibles sur Github :

  • Sur les composants JavaScript des bibs les plus utilisées ainsi que des tutos pour patcher le code.
  • Des composants JS natifs à prendre comme modèle dans les patterns attendus.
  • Une méthodologie de tests qui donne au moins 2 méthodes de test (une pour IE et l’autre pour FF) pour chaque critères du RGAA.
  • Un guide pour publier du contenu accessible sur le web (si les outils d’édition le permettent ce qui n’est pas gagné comme avec cet éditeur par exemple qui ne permet pas d’insérer des descriptions aux liens).

En tant que nouvel utilisateur je ne peux insérer que 2 liens (WTF ???). Aussi j’invite ceux qui souhaitent des précisions à ma contacter ou alors à faire une pétition pour lever cette limitation.

Next ?
Comment peut-on faire maintenant pour diffuser, faire connaître et surtout embarquer un maximum de contributeurs sur ce sujet ?
Comment profiter de la puissance du logiciel libre pour que l’inclusion numérique devienne une réalité ?

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Bonjour,

L’association Liberté 0, issue du groupe de travail Accessibilité et logiciels libres de l’April, est en pointe sur le sujet. Je ne peux que vous inviter à les solliciter et les contacter pour faire avancer le sujet : liberte0.org.

La liste de discussion : liste@liberte0.org.

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Bonjour,

Je suis ravie de voir cette préoccupation d’accessibilité associée aux logiciels libres.
Je suis également convaincue que la prise en charge d’un handicap dans l’environnement numérique ne pourra être optimale sans le recours aux logiciels libres qui garantissent l’accès au code source, la possibilité de le modifier pour s’ajuster à des besoins individuels, et de le diffuser pour en faire bénéficier le plus grand nombre.
Comment répondre à des besoins individuels d’autonomie et de personnalisation dans l’utilisation des outils numériques en privant les utilisateurs de la capacité d’étudier et d’ajuster leur fonctionnement et de faire évoluer les outils au plus près de leurs besoins et des composants de l’outil ?
Le risque est alors très grand de voir se transformer des déficiences en dépendance et de réduire les perspectives d’appropriation, d’amélioration et d’évolution des outils numériques par les utilisateurs concernés.
Je pense très utile d’encourager le développement et l’utilisation des logiciels libres, d’aider les auteurs de logiciels libres à prendre en compte les critères d’accessibilité, d’inscrire les préoccupations d’accessibilité dès la conception des systèmes d’informations, des outils et des oeuvres numériques.

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Bonjour,
Pour me présenter d’abord sur ce forum, je suis un utilisateur plutôt avancé mais ne suis en aucun cas ni développeur, ni webmaster.

Je suis concerné par cette question de l’accessibilité du logiciel libre car l’administration, quui est mon employeur, envisage de plus en plus de recourir à ce type de logiciel, ou plutôt, j’ai envie de dire, à cette nouvelle économie du logiciel.

Pour moi, je ne suis pas à priori pour opposer logiciel libre et logiciel propriétaire, mais je souhaite que cette question du recours au logiciel libre accessible soit véritablement prise en considération pace que :

  1. Il en va de l’employabilité ou non d’une certaine catégorie d’agents publics dont les handicapés visuels (mal ou non-voyants).

  2. Le recours aux logiciels libres accessibles implique un référentiel d’accessibilité comme il en existe déjà un pour le web sous l’appellation RGAA dans sa version 3.0 nouvellement sortie.

Pour moi, et ceux avec qui j’en ai parlé, il apparaît clairement que le logiciel libre ne saurait se placer comme l’unique alternative aux logiciels dits propriétaire. Un monopole ne saurait être remplacé par un autre monopole. Car l’on sait très bien que le logiciel LIBRE ne signifie par pour autant qu’il soit GRATUIT.

En effet, le recours au logiciel libre, pourvu qu’il soit accessible, pose plusieurs questions :slightly_smiling:

  1. Quid dd’un référentiel d’accessibilité (référentiel et formation des développeurs).

  2. Comment garantir dans les meilleures conditions possibles la formation des agents concernés avec la prise en compte presque au cas par cas tant de leur matériel déjà à leur disposition : logiciel d’agrandissement d’écran, afficheurs Braille) que de leur besoins et de leur capacité de préemption de l’outil informatique parfois compliqué pour certains d’entre eux ?

  3. La prise en compte des spécificités techniques des périphériques susmentionnés.

Certains me répondront à juste titre qu’il y a NVDA (Non-Visual Access Desktop) pour ce faire. A savoir, une revue d’écran qui permet au non-voyants d’accéder à l’environnement Windows V7 à V10 via une interface vocale et pilotant un certain nombre de logiciel Braille. Soit. mais après ?

  1. Quid de l’accessibilisation d’applications métiers parfois anciennes et dont le coût de redéveloppement n’est pas évoqué à ma connaissance ?

  2. Que dire des applications bureautiques libre comme Libre-Office dont certains n’hésitent pas à nous venter l’accessibilité sans que nous ayons de véritables comparatifs avec les suites bureautiques bien connues du marché ?

Personnellement, je répondrais que Libre-Office, par exemple, n’est que PARTIELLEEMNT accessible. Oui, on peut taper du texte au kilomètre, oui on pourra donc contrôler ce que l’on tape avec l’afficheur braille. Mais gérer une présentation correcte avec tous les attributs de caractères, paragraphes et de mise en page ? Je demande à voir. J’ai oublié de préciser que je parlais de CALC. Je ne parle même pas du tableur…

Voilà les quelques points que je voulais aborder aujourd’hui lesquels me semblent importants à ce stade. Une réflexion s’impose donc et elle a déjà commencé. Mais il ne faudrait pas que l’opportunité offerte par le logiciel libre soit ratée.

Bon week-end à tous.

Bonjour @fifou,

Pour les applications web (et aussi les sites web), on peut commencer par mesurer son niveau d’accessibilité avec Asqatasun, qui est lui-même un logiciel libre (AGPL) et s’appuie sur le RGAA v3.

On peut jouer rapidement avec grâce à l’image Docker. Toute la doc (et la doc toute entière) est disponible ; la communauté est plutôt dynamique (derniers contributeurs venant des USA, du Pakistan, de Russie !)

Bonux : il y a aussi des tests SEO, encore en beta mais qui tournent bien.

Disclaimer: je suis largement impliqué dans d’Asqatasun

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Je suis un fervent défenseur de l’accessibilité, ainsi que du logiciel libre. Cependant, je vais faire un peu mon Richard Stallman et insister sur le fait qu’il s’agit réellement de deux problématiques totalement différentes.

De la même façon qu’il est nuisible au débat d’intégrer des considérations techniques telles que la performance du logiciel, sa gratuité ou le nombre de fonctionnalités qu’il offre lorsque l’on compare le libre et le privateur, mélanger liberté et accessibilité peut amener à des argumentations pouvant desservir les deux.

Mais ça n’est que mon avis, vous en faites ce que vous voulez.

Tout d’abord merci à tous pour vos retours.
@Eric une proposition est d’inclure une information sur le respect des règles d’accessibilité des logiciels libres. Les acteurs privés peuvent mettre en avant ce point lors de réponses commerciales. En revanche, on trouve rarement (voire jamais) ce genre d’information concernant un logiciel libre.
Comme le propose @mfaure qui connait très bien le sujet, on peut utiliser un outil comme Asqatasun (désolé je n’ai pas mis la balise span pour passer en catalan) :wink: pour tester les interfaces web. Mais cela ne représente qu’une partie.
Même si l’objet ici est plutôt de voir comment il serait possible de créer un référentiel (peut être avec liberté 0 comme le propose @Armony), je ne suis pas certain que libre et accessible soient à dissocier comme le suggère @Charly. Les deux mondes partages des valeurs et des objectifs qui sont très proches. Je pense en particulier à l’inclusion de tous par défaut dès la conception et non d’une fonctionnalité dédiée pour les personnes en situation de handicap.

Bonjour,

Une réponse (ou des pistes) d’un développeur de logiciel libre. Dont l’un est très utilisé par les administrations.

Indiquer que les développeurs de logiciels libres ne prennent pas en compte l’accessibilité peut être trompeur. Si certains prennent en compte l’accessibilité de manière personnel, d’autres ne prennent en compte que les remontée de bogues, les demandes d’améliorations.
Si ces développeurs ne prennent pas en compte l’accessibilité, c’est que la société ne prend pas réellement en compte cette accessibilité. Ils ne font que remonter les demandes de leurs utilisateurs.

Le principe du logiciel libre repose sur la communauté, c’est à la communauté de faire remonter les demandes. Je sais que certaines administrations remonte des bogues, mais de façon anonyme. Sur ce que je peux en savoir, l’un des technicien de ces administrations participe au forum du LL qu’il utilise, voir remonte des bogues. Mais rien n’est fait de façon plus rigoureuse.

Plutôt que de partir sur « quel logiciels libres sont accessibles », il me semble plus intéressant de partir du besoin.

  1. Quel besoin avons nous à remplir
  2. Existe t’il un (ou plusieurs) logiciel(s) libre(s) qui peut le remplir partiellement
  3. Si oui : ou en est il au niveau de l’accessibilité
  4. Que faut il faire pour améliorer cette accessibilité : ou peut on remplir des demandes de modifications, a t’on les compétences en internes pour les corriger, peut on prévoir un financement pour cette/ces améliorations

Ceci est une méthode pour l’accessibilité, elle peut d’appliquer à tous besoin.

A besoin, j’ai des exemples concrets, j’ai essayé de généraliser une expérience personnelle que j’ai avec le développement d’un logiciel libre web.

Bonjour,

Je vois que le thème de l’accessibilité intéresse quelques personnes. C’est plutôt bon signe.

Maintenant, comment susciter un intérêt plus large à cet enjeu car c’en est un puisqu’il s’agit de permettre au plus grand nombre de pouvoir utiliser un site internet ou une application, qu’elle soit en mode web ou non.

Aussi, je prendrais les questions pertinentes de @Shnoulle pour tenter de répondre à ces questions et tenter d’aller au-delà :slightly_smiling:

1.Quel besoin avons nous à remplir

_Je crois déjà que pour les développeurs, l’important est d’une part qu’ils soient sensibilisés aux difficultés rencontrées par certaines catégories d’utilisateurs avec les contraintes matérielles auxquelles ils sont confrontés : lecteur d’écran pour les aveugles, agrandissement et contraste pour les malvoyant, impossibilité d’utiliser une souris pour d’autres, etc.

D’autre part, que les développeurs aient une guide de référence technique et d’accompagnemeent pour les aider à coder « correctement » pour que leur travail soit in fine profitable au plus grand nombre.

2.Existe t’il un (ou plusieurs) logiciel(s) libre(s) qui peut le remplir partiellement

_Oui, il en existe. Thunderbird est l’un d’entre eux. D’autres doivent exister mais je n’en connais pas la liste. D’ailleurs, quelqu’un posait la question de connaître d’une liste des logiciels déjà accessibles.

3.Si oui : ou en est il au niveau de l’accessibilité

Comme vous l’avez bien écrit, il faut que les usagers puissent faire remonter les bugs. Mais lorsque l’on parle d’accessibilité, on ne peut pas parler de bug. Il faudrait plutôt parler de « fonctions » qui n’ont pas été implémentées ou d’un « codage » qui ne permet pas une bonne lisibilité par les lecteurs d’écran. Mais ça, l’utilisateur n’est pas censé ni de coder, ni d’être en mesure d’expliciter techniquement parlant le problème. Il pourra dire au mieux « votre appli n’est pas accessible ». Et en général, la réponse est un silence rempi de points d’interrogation ou de suspension selon ce que l’on voudra interpréter d’un côté ou de l’autre.

4.Que faut il faire pour améliorer cette accessibilité :
_CF. un groupe de travail à constituer au niveau interministériel pour mettre au point un guide technique et un guide d’accompagnement des développeurs.

Après ça, me direz-vous ? Eh bien, de même que l’on apprend aux architectes dans leurs écoles que leur chef-d’oeuvre bâtimentaire doivent être accessibles avec des rampes pas trop inclinées pour qu’aussi bien les poussettes à bébé que les fauteils roulants pour handicapés, puissent circuler sans entrave, je dirais que dans les écoles d’ingénieurs informaticiens ou la formation des techniciens en développement apprennent les B-A-BA de l’accessibilité : légender des images, des boutons, davantage structurer l’information, faire que l’utilisation du clavier soit généralisée et que le déplacement des flèches de direction fasse bouger le curseur OS afin que le lecteur d’écran puisse se « repérer » et restituer l’information ainsi parcouru pour un menu ou une liste déroulante, etc.

Voilà, j’attends vos réactions ou commentaires ou réponses complémentaires.

Bon après-midi.

Bonjour,

Sur le « quel besoin avons nous à remplir » : je parlais du besoin utilisateur :slight_smile:

Sur le besoin des développeurs non sensibilisé : oui, c’est tout à fait le cas … j’en ai un exemple flagrant sur un logiciel libre (web) il y a peu.

Sur le bogues : je considère, en tant que développeur, que les critères minimum d’accessibilité sont des bogues. L’accessibilité n’est pas une « feature » :).

Sur le système de remontée des bogues : c’est comme tout : dire « Ca ne marche pas » ne permet pas au développeur de régler le problème, même si il le veut.

Par contre, sur un exemple web :

sur le site il y a des liens images : il n’y a aucune information pour un lecteur d’écran.

Un autre :

le premier champs n’a pas d’information pour les lecteurs écran (un « développeur » indiquera : il manque un label au premier champs)

Oui : la remontée des bogues est un apprentissage: tout le monde peut le faire , mais il faut savoir décrire le problème. Il peut/doit être écrit en terme utilisateur et non développeur. Bien sur un développeur ira plus vite sur la description et sera sans doute plus rapidement écouté.

Maintenant , par expérience : je sais que si 1 personne remonte un bug sur le système proposé par l’équipe de développement: cela est pris en compte. Si 10 autres personnes font remonter le bogues en indiquant que eux aussi rencontre ce problème : le bogue sera pris en compte plus rapidement.

Denis
PS : j’ai des exemples concrets, je ne sais pas si je peux donner des liens pour que mes explications soient plus claire.

Bonjour ,

Si , on peux mettre des liens sur le forum dans les messages. Le raccourci Ctrl +K ouvre une boite de dialogue pour insérer des liens dans le forum : http://www.accessibilite.gouv.fr/

Christophe

Je sais ajouter des liens . C’est plus des liens qui peuvent paraitre publicitaire. Bon quelques uns :

Exemples concret de la relation entre développeur et utilisateurs (et développeur « extérieur »)

Au final : ce logiciel limesurvey est « semi accessible » sur la version précédente (2.06). Par contre moins accessible sur la nouvelle version. Je pense que c’est parceque les demandes d’amélioration sur l’accessibilité ne viennent que de 3 personnes (voir une :wink: [clin d’œil]). Et que les réponses du genre « non prioritaire » actuellement viendrait moins si il y avait plus de rapport de bogues.

Ce logiciel limesurvey peut être plus accessible (le pouvoir du logiciel libre) si on reste sur la version 2.06 et que l’on utilise une extension : https://git.framasoft.org/SondagePro-LimeSurvey-plugin/moreAccessibility

Sinon, des rapports de bogue qui a reçus des corrections rapide : bugs.limesurvey.org/view.php?id=9128

Denis
PS : j’avais raison : 2 liens maximum :wink: [clin d’œil]
PS2 : un autre lien sans doute plus intéressant : https://bugs.limesurvey.org/view.php?id=10082 : regarder la priorité

Bonjour à tous et merci pour ces échanges très enrichissants !

Le sujet est bien double :

  • l’accessibilité n’est pas une feature ni un bug mais un mode d’utilisation du logiciel. C’est un peu comme si je n’avais pas pris en compte l’utilisation avec une souris et que certaines fonctionnalités ne fonctionnaient qu’au clavier. On peut le voir comme un bug mais c’est avant tout un problème de conception par ignorance du sujet (si ça marche avec une souris c’est vraiment un coup de pot :smile: [sourire)]
  • les développeurs n’ont pas été formés à l’accessibilité. Il est donc logique qu’ils ne sachent pas comment la mettre en oeuvre mais sont prêt à le faire si on leur signale un problème. On constate alors une bonne volonté mais souvent une mise en oeuvre maladroite.

Je profite de la possibilité d’ajouter des liens pour fire un peu de publicité sur des ressources que nous mettons à disposition des développeurs sur le dépôt github de la DINSIC. Tout est sous licence etalab et complètement ouvert à amélioration et contribution.

En complément de ce travail de sensibilisation, d’accompagnement des développeurs et des communautés, on pourrait ajouter une information sur l’accessibilité des logiciels du SILL (comme l’a fait @Shnoulle avec limesurvey).

Je lance une nouvelle discussion sur le sujet des outils pour aider les développeurs à coder accessible.